John Shimeld

Géophysicien
Ressources naturelles Canada

Découvrez le super volcan qui forme la dorsale Alpha et l'importance de cette recherche scientifique pour le Canada.

Transcription

Pouvoir atteindre des endroits où aucun humain n’a jamais mis les pieds. Voir des endroits sur Terre qui… Vous savez, être l’un des premiers peuples capables de voir véritablement ce qui se cache sous le plancher océanique dans une mer inexplorée…voilà l’excitation à son comble.

Il s’agit là d’une possibilité tout à fait incroyable de recueillir des renseignements scientifiques sur la marge au large du Canada, laquelle représente en fait une part très importante de la masse terrestre de notre pays. Je crois que la partie sous la mer pourrait équivaloir à 40 % de la masse terrestre du Canada.

Cette zone présente, entre autres, des ressources et un environnement qui doivent faire l’objet d’une intendance et d’une gestion. Et si nous ne savons pas ce qui s’y trouve, nous n’avons aucune possibilité de prendre des décisions sur la façon dont nous pouvons ou ne pouvons pas utiliser ou extraire les ressources, sur le genre de réglementation environnementale dont nous pouvons avoir besoin pour assurer un fonctionnement sécuritaire et un environnement sain. Si personne ne sait ce qui s’y trouve, c’est alors impossible de le gérer.

Mon rôle est essentiellement celui d’un géophysicien chargé de recueillir des données dans l’Arctique et le long des marges atlantiques. J’ai ainsi participé à tous les programmes sur le terrain et projets d’acquisition de données depuis 2005. J’ai travaillé à bord de brise-glace et à l’occasion sur la glace marine, sans compter que j’ai habité dans des régions éloignées et dans des stations de recherche, telles Alert ou Eureka.

Mon travail consiste essentiellement à m’assurer d’obtenir les données sismiques nécessaires afin de mesurer l’épaisseur des sédiments au large.

La Convention des Nations unies repose sur l’épaisseur des sédiments au large et, pour la connaître, il faut recueillir des données sismiques. En analysant les données que nous recueillons, par exemple, nous constatons que la dorsale Alpha, qui est un complexe volcanique sous-marin absolument massif, est essentiellement un méga-volcan. À différents moments au cours de l’histoire terrestre sont survenues des explosions volcaniques et des projections de lave tout à fait gigantesques. Toutes les extinctions majeures de vie au cours des périodes géologiques ont été associées aux éruptions de ces super volcans. Ainsi, il est très probable que de tels phénomènes soient survenus dans l’océan Arctique, mais il s’agit là d’un volet qui était encore très peu connu avant que nous n’entreprenions ces travaux en 2006.

La Convention des Nations unies est un exemple étonnant d’intégration scientifique à la diplomatie essentiellement internationale. Elle est absolument incroyable. Nous avons ce qui constitue principalement une constitution des océans qui permet aux pays de définir les frontières sans quelque agression que ce soit et nous sommes capables d’établir une frontière reconnue à l’échelle internationale autour de l’ensemble de notre masse terrestre. Je considère que cela a un effet profond sur la société humaine.