2019 Cadre de mesure du rendement des AIE : Commentaires des participants

PARTIE I. Mandat et progrès réalisés à ce jour (suite)

1.5 Commentaires des participants et enseignements tirés du projet pilote

Parallèlement aux activités d'analyse des données et de production de rapports, les AIE participants et les partenaires gouvernementaux ont uni leurs efforts pour examiner le projet pilote et dégager des observations et des enseignements utiles en vue de gérer un processus national de mesure du rendement avec un groupe élargi d'AIE participants. La présente section fournit de l'information détaillée sur les résultats d'un sondage auprès des participants, d'une séance de rétroaction tenue au mini-sommet des AIE le 20 février 2019 et d'une série d'entrevues individuelles. On y fait aussi état des améliorations qui ont été apportées au CMR et au processus de collecte des données à la lumière des commentaires fournis par les participants.

Constatations tirées du sondage mené auprès des participants

Au terme de la phase de collecte des données, TEC Edmonton a mené un court sondage pour mieux comprendre comment les AIE avaient participé au projet pilote, quels étaient les problèmes rencontrés par les participants et quel était leur avis sur les ajustements susceptibles d'améliorer la phase II du projet pilote. Un total de 20 AIE ont répondu au sondage.

Méthodes de collecte de données pour la phase I

Dans la première partie du questionnaire, on demandait aux répondants d'expliquer en détail comment ils s'y étaient pris pour recueillir et transmettre les données de 2017 au projet pilote de CMR, et de préciser notamment le nombre de sources de données consultées pour répondre au questionnaire, la méthode employée pour transmettre les données à Hockeystick et si cette méthode pourrait être adaptée à un nombre plus élevé d'entreprises. Aux fins du présent rapport, il ressort avant tout que seul un petit nombre de répondants (4/20) étaient convaincus que la méthode employée pour recueillir les données de 2017 pourrait être adaptée à un plus grand nombre d'entreprises. Selon quatre AIE, le processus ne pouvait pas être adapté et six estimaient qu'il le pourrait « peut-être » ou qu'ils « n'étaient pas certains ».  

Méthodes de collecte des données et défis pour la phase II

Les répondants étaient ensuite invités à fournir des renseignements détaillés sur la façon dont ils envisageaient de recueillir et de transmettre leurs données pour la phase II du projet pilote. Dix des 20 AIE ayant répondu au sondage avaient l'intention d'avoir recours à un sondage annuel pour recueillir les données auprès des entreprises clientes, tandis que huit projetaient d'utiliser différentes méthodes et deux, de recueillir des données sur une base trimestrielle.

Quand on a demandé aux participants s'il y avait des questions ou problèmes particuliers qui pourraient empêcher leur organisation de recueillir et de transmettre les données de 2018 au projet pilote de CMR, la majorité des AIE (15 sur 20) ont répondu par la négative. Les AIE restants ont cité comme principaux problèmes les accords sur les niveaux de service empêchant le partage des données sur les clients et le faible taux de réponse des entreprises clientes. À la question demandant aux 20 participants quels types de soutien les aideraient à adopter le cadre de mesure du rendement en 2018, onze d'entre eux ont indiqué qu'une simple déclaration de consentement et des outils de communication à utiliser avec leurs entreprises clientes leur seraient utiles. Parmi les autres demandes, mentionnons une réduction de la longueur du questionnaire (7 AIE sur 20) et une plus grande clarté pour certaines questions (7 AIE sur 20).

Confidentialité des données

Invités à indiquer si, à leur avis, la participation de Statistique Canada au projet pilote convaincrait la majorité des clients que leurs données seraient stockées et utilisées de manière sécurisée et pertinente, sept AIE ont répondu par l'affirmative, 11 étaient incertains et deux considéraient que la participation de Statistique Canada au projet pilote n'aurait pas une grande incidence.

Utilité des données et possibilités d'analyse nationale

Invités à indiquer si et comment ils envisageaient d'utiliser les données recueillies pour les besoins du projet pilote de CMR, la majorité des répondants ont mentionné qu'ils utilisaient les données dans le cadre de leurs activités de production de rapports destinés aux partenaires gouvernementaux et à d'autres commanditaires. Nombre d'entre eux s'inspirent également des données pour établir les documents de marketing de leurs programmes et leurs demandes de financement et de subventions. Un petit nombre commençait à utiliser les données pour orienter la prise de décisions stratégiques, façonner les futurs programmes, mettre en évidence les lacunes dans les services et déployer des processus de contrôle de la qualité.

Lorsqu'on a demandé aux AIE participants s'il y avait des questions particulières auxquelles ils aimeraient pouvoir répondre à l'aide des données recueillies au niveau national, leurs réponses ont été les suivantes :

  • Mieux comprendre quels programmes et organisations offrent le soutien le plus efficace et efficient aux entreprises en démarrage.
  • Déterminer la mesure dans laquelle la participation à un AIE influe positivement sur la trajectoire de croissance d'une entreprise et plus précisément quelle est l'influence habituelle sur ces trajectoires.
  • Utiliser les données pour participer aux initiatives de comparaison comme Startup Genome et permettre aux AIE de comparer leur incidence sur le succès et la croissance d'une entreprise par rapport aux autres AIE au pays.
  • Avoir une vue d'ensemble nationale du nombre d'entreprises de technologie en démarrage en activité au Canada, du nombre de personnes qu'elles emploient et de leur taux de croissance au fil du temps.
  • Comparer la performance économique et les évaluations des entreprises appuyées par les AIE avec des cohortes similaires d'entreprises non clientes d'AIE de différents segments de l'industrie.

Commentaires formulés au mini-sommet des AIE et entretiens avec les participants

Le mini-sommet tenu le 20 février 2019 à Waterloo a permis une nouvelle fois aux AIE participants de faire part de leurs commentaires sur l'expérience pilote, entre autres le questionnaire, le processus de collecte et d'analyse des données sur le rendement, le soutien à la mise en œuvre fourni par ISDE et Hockeystick et l'orientation future éventuelle du cadre de mesure du rendement. On a également consulté les AIE concernant la meilleure façon de régir et de gérer jour après jour le cadre et le processus de production de rapports. Une série d'entretiens individuels ont eu lieu avec des représentants d'organismes de développement régional (ODR) participant au mini-sommet sur le CMR des AIE. Les commentaires et les points de vue fournis par les AIE participants et les partenaires gouvernementaux ont été structurés en six catégories.

Utilité du CMR pour les AIE

Les AIE se sont généralement entendus pour dire que, pour eux, l'intérêt de leur participation au projet pilote allait bien au-delà des activités de collecte de données et de production de rapports qu'ils menaient déjà. Cette valeur a pris plusieurs formes :

  • Analyse de programmes. Plutôt que d'évaluer l'incidence de leur AIE dans son ensemble, plusieurs organisations ont constaté que le CMR leur avait permis pour la première fois d'effectuer une analyse par programme. Un dirigeant d'AIE a indiqué que l'obtention de commentaires sur les programmes était précieuse. « Nous devons utiliser les données pour comprendre ce qui fonctionne afin de pouvoir améliorer nos programmes au fil du temps. Nous voulons établir des IRC afin d'évaluer si nous devrions abandonner certains programmes ou en ajouter d'autres. »
  • Mise en place de nouveaux indicateurs et étapes. Pour plusieurs des AIE qui recueillaient et analysaient déjà les données sur le rendement, le CMR comportait de nouveaux indicateurs qu'ils ne surveillaient pas encore. Par exemple, de nombreux AIE ont commencé à surveiller pour la première fois le profil démographique du fondateur en utilisant le CMR. « Les données démographiques sont très intéressantes, a indiqué un dirigeant d'AIE. Elles permettent de mieux comprendre qui nous appuyons et comment. Nous avons observé une grande baisse du nombre de femmes entrepreneures et, de façon générale, une grande disparité entre les fondateurs de sexe masculin et féminin. » Actuellement, certains AIE réfléchissent activement à la façon dont les nouvelles données recueillies au moyen du CMR peuvent être utilisées pour établir des étapes internes. Ces étapes pourraient permettre de surveiller, par exemple, le temps qu'il faut aux entreprises clientes dans différents secteurs et programmes pour passer de la constitution en personne morale à la première vente. « Nous voulons comprendre les résultats concrets que doivent obtenir les entreprises et les étapes de croissance qu'elles doivent franchir pour prendre de l'expansion, a expliqué un dirigeant d'AIE. Si nous pouvons définir et mesurer quelles sont les étapes concrètes, nous pourrons concevoir nos programmes de manière à les aider à franchir ces étapes. »
  • Favoriser une culture de gestion du rendement et du service à la clientèle. Au dire de plusieurs AIE, leur participation au CMR les aidaient à instaurer une culture de gestion du rendement plus rigoureuse au sein de l'organisation. « Nous voulons voir comment nos entreprises s'en sortent, explique un dirigeant d'AIE. Les liens avec nos IRC sont indéniables. Nous sommes une organisation à but lucratif. Nous devons donc surveiller les revenus et les investissements et le CMR nous fournit un instrument pour nous aider dans cette tâche. » Un autre dirigeant d'AIE a expliqué comment l'établissement du taux de recommandation net avait encouragé les gestionnaires de programme à obtenir une rétroaction plus détaillée sur les entrepreneurs de chaque groupe, entre autres les promoteurs, les personnes neutres et les détracteurs.
  • Appuyer la formation à l'interne et le marketing des programmes. Enfin, un AIE a constaté que le CMR appuyait son processus de formation interne des employés en lui fournissant les données dont il avait besoin pour les former afin qu'ils appuient mieux les entreprises. Plusieurs AIE ont également signalé que les données recueillies au moyen du CMR étaient désormais utilisées à des fins promotionnelles.
Cadre de mesure et questionnaire

Étant donné que le cadre de mesure du rendement met l'accent sur la croissance des revenus, la croissance de l'emploi et l'investissement en capital, les AIE participants se sont généralement entendus pour dire qu'il était axé sur les bons paramètres. Toutefois, ces AIE ont mis le doigt sur certains domaines qui pourraient être améliorés ou méritent un examen plus approfondi.

  • Clarté. Pour obtenir des données fiables auprès des entreprises clientes des AIE et faire de la collecte de données une expérience aussi fluide et optimale que possible, il est essentiel que les questions soient claires et que les définitions soient de qualité. Or, les participants avaient l'impression que certaines questions du sondage étaient peut-être trop compliquées ou que les définitions manquaient de clarté.
  • Concision. Les AIE aimeraient que le questionnaire soit plus court et simplifié. Nombre d'entre eux estiment qu'un sondage plus court et une structure plus intuitive réduiraient le fardeau pour les répondants, permettrait d'obtenir un meilleur taux de réponse et donnerait lieu à une réduction du taux d'abandon.
  • Paramètres de mesure aux premières étapes. Au risque de compliquer ou d'allonger le sondage, plusieurs AIE ont constaté que les paramètres choisis pour le cadre de mesure n'étaient pas adaptés aux organisations et programmes qui travaillent principalement avec des entreprises en démarrage n'ayant pas encore de revenus. Comme l'a expliqué un participant, « notre rapport comporte beaucoup de zéros, car nous faisons affaire avec des entreprises qui n'ont pas encore de revenus et doivent réunir des capitaux ». D'aucuns proposent que le CMR essaie de tenir compte de la façon dont les activités d'incubation et d'accélération d'entreprises en démarrage donnent lieu par la suite à une plus grande incidence économique dans le cycle de maturité de l'entreprise.
  • Indicateurs avancés ou retardés. Dans le même ordre d'idées, plusieurs AIE ont indiqué que la majorité des paramètres constituent des indicateurs retardés. Une croissance mesurable et soutenue des revenus, des investissements en capitaux et de l'emploi, par exemple, peuvent se concrétiser des mois ou des années seulement après que l'entreprise a quitté le programme de l'AIE. À court terme, ces indicateurs ne sont pas très utiles pour déterminer si un programme d'AIE fonctionne ou non. Les paramètres de mesure de la satisfaction du client, comme le taux de recommandation net et la question sur l'incidence des AIE, sont au nombre des indicateurs permettant de formuler une opinion plus immédiate sur le succès du programme. 
Processus de collecte de données

Le processus de collecte de données pour le projet pilote de CMR a suscité un débat animé parmi les participants, dont bon nombre exprimé ont leurs préoccupations concernant l'expérience pilote et formulé des suggestions pour l'amélioration future du processus. Les principales recommandations visant l'amélioration de la version 2.0 du CMR sont les suivantes : 

  • Réduire autant que possible le fardeau de la collecte de données. L'une des principales raisons d'être et l'un des objectifs clés du CMR des AIE consistent à réduire le fardeau de production de rapports imposé aux AIE en harmonisant les exigences connexes entre les partenaires de financement au gouvernement. Impatients que ces mesures se concrétisent, les AIE appuient résolument les efforts soutenus visant à faire participer d'autres partenaires gouvernementaux au projet pilote au cours de sa deuxième année. « Nous avons besoin d'un seul processus et d'une seule demande de données par an », a expliqué un dirigeant d'AIE, qui a également fait remarquer que les coûts opérationnels sont très élevés pour gérer le processus de collecte de données. Toutefois, les AIE ne sont pas les seuls à penser que la collecte de données est un fardeau. Les entreprises sont elles aussi inondées de demandes émanant des nombreuses institutions avec lesquelles elles ont eu des contacts. « Nous devons faire en sorte que le processus soit aussi harmonieux que possible, a déclaré un dirigeant d'AIE. Ne recueillez pas trop de données et recueillez celles qui sont utiles. » 
  • Fournir des outils pour répondre aux préoccupations concernant la confidentialité et la sécurité des données. Selon les AIE, il est parfois difficile de convaincre les clients que les données confidentielles qu'ils fournissent seront protégées et conservées en toute sécurité. D'après un dirigeant d'AIE, « nombre d'entreprises ont peur de Big Brother et craignent pour la sécurité de leurs données. Il est hors de question que leurs données soient partagées. Elles craignent vraiment que leurs concurrents voient les chiffres relatifs à leurs revenus ». Les AIE comprennent qu'il est important de gérer les attentes des clients et d'apaiser leurs craintes concernant la confidentialité des données, mais ils ne se sentent pas vraiment outillés pour le faire. Comme l'a dit un dirigeant d'AIE, « nous avons dû travailler pendant six mois pour faire comprendre aux entreprises clientes comment les données seraient traitées. Nous avons besoin d'une description plus succincte de la façon dont les données sont transférées de Hockeystick à ISDE et à Statistique Canada ».
  • Créer une proposition de valeur pour les entreprises clientes. Si les participants ont grandement discuté de la façon de rendre le CMR utile aux AIE, ils se sont moins intéressés à la façon de rendre le processus de communication des données plus utile aux entreprises clientes. Les AIE participants ont mentionné qu'en mettant davantage l'accent sur la création de valeur directe pour le client final, on accroîtrait les taux de réponse tout en obtenant de meilleurs résultats pour l'écosystème. « Comment faciliter les choses? Comment nous assurer qu'elles le considèrent comme un exercice utile? », s'est demandé un AIE participant. Certains ont constaté que le PARI du CNRC obtient des données utiles des entreprises clientes, car les entrepreneurs ne reçoivent pas le dernier chèque avant d'avoir fourni les données. Comme ils disent, « les gens ayant de l'argent disposent de moyens de pression pour obtenir les données auprès des entreprises clientes ». Le processus de CMR ne peut offrir des chèques aux entreprises clientes, mais il peut offrir des possibilités de comparaison et de l'information utile sur les services des AIE, les tendances de l'écosystème et d'autres choses que les fondateurs trouveront utiles. Plus vite ces possibilités seront concrétisées, plus il sera facile de faire participer les entreprises clientes du Canada à ce processus.

Plusieurs AIE ont partagé des enseignements et des stratégies pour accroître les taux de réponse au sondage.

  • Inclure la communication des données dans les ententes de services avec les clients. Les AIE dont les efforts de collecte de données ont le plus porté fruit avaient déjà intégré les droits de partage des données aux ententes de services conclues avec les entreprises clientes. D'autres AIE ont eu moins de chance, car, dans certains cas, les ententes de services avec le client déjà en place interdisaient précisément le partage des données sur le rendement non anonymisées. Alors que le projet pilote passe à la phase II, les AIE n'ayant pas intégré les droits de collecte et de partage des données dans les ententes de services avec les clients doivent maintenant mettre à jour ces ententes en conséquence.
  • Utiliser la collecte de données pour améliorer les connaissances financières des entreprises clientes. De l'avis d'un dirigeant d'AIE, il est utile d'entrée de jeu d'habituer les entreprises clientes à partager leurs données car elles recevront les mêmes demandes des investisseurs providentiels et des sociétés de capital-risque. « Nous faisons valoir aux fondateurs qu'ils auront besoin de partager les données avec les investisseurs providentiels et les sociétés de capital-risque et qu'il vaut donc mieux qu'ils s'y habituent. C'est un processus éducatif. Nous demandons les données sur une base trimestrielle, soit presque à la même cadence que celle des réunions du conseil d'administration ». Aux yeux d'autres répondants, la communication systématique de données inculque une bonne discipline de gestion. « Il est vraiment important pour les entreprises de mesurer leur activité et d'assumer la responsabilité de leurs actes, explique un dirigeant d'AIE. On dépasse ici l'aspect anecdotique de l'organisation qui fait part de son expérience et revendique les succès. Le processus est tout à l'avantage des entrepreneurs. Il renforce leurs connaissances financières. »
  • Bien choisir son moment. On a discuté des avantages et des inconvénients de la production de rapports annuels et trimestriels, et des arguments ont été avancés de part et d'autre. Certains disent préférer les rapports trimestriels et précisent qu'en cas de collecte annuelle, il faut attendre longtemps avant de recueillir des paramètres qui changent rapidement pour des entreprises qui évoluent vite. « Plus l'on attend pour établir les rapports, plus les entreprises risquent de ne pas répondre correctement, nous confie un dirigeant d'AIE. Certains affirment que les rapports trimestriels génèrent un meilleur taux de réponse, car les demandes de données arrivent alors que l'AIE est encore en train de fournir une aide ou quand la relation vient de prendre fin. « Nous obtenons des taux de réponse plus élevés quand nous avons communiqué avec elles récemment », précise un autre dirigeant. Pour d'autres encore, il vaut mieux avoir moins de points de contact et l'administration annuelle d'un sondage est optimale, en particulier si les AIE peuvent utiliser le CMR pour rendre des comptes aux deux paliers de gouvernement en même temps. 
  • S'assurer que les demandes d'information émanent d'entités reconnaissables. Enfin, il a été recommandé d'envoyer les invitations à participer à un sondage de la part d'entités et de personnes reconnaissables. Un AIE envoie ses invitations de la part des mentors qui travaillent directement avec les entreprises clientes. « Si les entreprises ne connaissent pas l'entité ou la personne, indique le dirigeant, le taux de réponse sera réellement faible ».
Appui à la mise en œuvre

Une partie non négligeable des commentaires formulés par les AIE concerne l'importance du soutien à la mise en œuvre pour la réussite du déploiement du CMR à l'échelle du Canada. De nombreux AIE ont signalé que le processus de collecte de données prend du temps, en particulier pour vérifier si les entreprises y répondent, envoyer les rappels aux entreprises clientes et nettoyer les données qu'elles ont fournies. À part les grands AIE, de nombreuses organisations ne disposent pas d'employés à temps plein qui se consacrent à la collecte et à la communication de données. Le roulement de personnel et le manque de connaissances résiduelles relatives au projet pilote de CMR se sont également avérés problématiques. Par exemple, plusieurs AIE ont eu besoin de plusieurs séances d'orientation, car des employés nouvellement embauchés commençaient à participer au projet pilote en cours de route.

Les AIE ont indiqué qu'ils avaient besoin de meilleurs documents de communication pour informer le personnel interne (entre autres les cadres et les avocats) et appuyer leur action d'information auprès des entreprises clientes. Par ailleurs, ils aimeraient mieux connaître les dates des activités pilotes clés de façon à pouvoir y allouer leurs ressources en conséquence.

Analyse et communication des données

Pour la première fois, à la réunion tenue le 20 février à Waterloo, les AIE ont pu assister à une présentation, par ISDE, de l'analyse des données agrégées de la phase I du projet pilote. Cet exercice a clairement été bénéfique pour tous les participants puisqu'il est devenu évident, dès cette première étape, que les données fourniraient un aperçu révélateur du rôle que jouent les AIE à l'appui de la croissance d'entreprises de technologie novatrices au Canada. Les discussions subséquentes avec les AIE ont donné lieu à des suggestions supplémentaires et à questions qui méritent réflexion.

  • Comparaison des AIE. Les AIE manifestent un véritable intérêt pour le CMR afin de pouvoir se comparer à leurs pairs. Par exemple, on pourrait utiliser une taxonomie pour faire la distinction entre les types d'AIE et déterminer les différents points de référence de la croissance des entreprises pour les incubateurs d'entreprises en démarrage et les accélérateurs d'entreprises aux étapes ultérieures. Toutefois, on a également constaté que la comparaison entre programmes et entre secteurs ne sera possible qu'une fois que le CMR aura recueilli une foule d'observations émanant d'un grand nombre d'institutions afin de rehausser la qualité de l'analyse et de protéger l'anonymat des participants.
  • Attribution. On sait très bien que de nombreux fondateurs d'entreprises se créent un réseau et entrent en contact avec de nombreux éléments de l'écosystème. Il est donc difficile d'attribuer le succès d'une entreprise donnée à un AIE en particulier. Comme l'a expliqué un dirigeant d'AIE, « la participation de StatCan est un gage de qualité des données. Toutefois, des entreprises auront travaillé avec plusieurs institutions différentes et nous essaierons tous de nous attribuer le mérite de leur succès ». D'autres demandent qu'on mette moins l'accent sur la revendication des succès et davantage sur l'établissement d'écosystèmes locaux. « Nous espérons qu'en recueillant des données, nous saurons mieux si nous apportons de la valeur, explique un dirigeant d'AIE. Nous n'avons pas d'autres moyens de savoir si nous faisons du bon boulot. Mais je n'ai pas besoin de crier haut et fort le succès que nous remportons. Nous devrions juste nous concentrer sur le renforcement de l'écosystème ».
  • Tableaux de bord personnalisés des AIE. Plusieurs AIE, en particulier ceux qui n'ont pas investi dans des systèmes de GRC sophistiqués, espèrent que Hockeystick élaborera un tableau de bord pour analyser et traiter les données qu'ils recueillent à l'aide du CMR. Aux yeux de certains, la création de capacités à l'aide de tableaux de bord pour les AIE constitue un moyen de montrer l'importance du temps et des ressources qu'ils investissent dans la participation au projet pilote. On fait remarquer que l'une des difficultés liées à l'établissement de tableaux de bord propres aux AIE a trait au fait que pour ce faire, il faudrait investir une énorme quantité de temps pour valider et compléter les données fournies par les entreprises clientes.
  • Biais d'échantillonnage éventuel. Enfin, des AIE ont laissé entendre qu'il pourrait y avoir un biais dans les résultats en raison du manque de participation des entreprises qui éprouvent des difficultés et de celles qui remportent beaucoup de succès. Bien qu'elle repose sur des conjectures, cette affirmation indique que les entrepreneurs gardant le silence (c'est-à-dire ceux qui choisissent de ne pas répondre au sondage) ne sont généralement pas prospères, mais on n'a aucune certitude puisque d'aucuns affirment pour leur part que les entreprises très prospères pourraient également hésiter à fournir de l'information de peur que des données confidentielles ne tombent entre les mains des concurrents.
Orientations futures du CMR des AIE

Outre les suggestions dont il est déjà question dans les catégories ci-dessus, les AIE participant au projet pilote ont également fourni des suggestions et des idées concernant les futures orientations du CMR :

  • Cartographie de l'écosystème des entreprises en démarrage du Canada. Plusieurs participants aimeraient que le CMR fournisse davantage de renseignements sur la taille et la configuration de l'écosystème des entreprises en démarrage du Canada. Ils ont constaté qu'il serait bon de documenter la taille de la population d'entreprises de technologie en démarrage au Canada et le rôle des AIE dans le façonnement de cette population. Par exemple, combien d'entreprises font appel à des AIE? Combien cessent d'y faire appel? Dans quelle mesure les AIE créent-il une capacité entrepreneuriale? Quelle est la répartition sectorielle et géographique de ces entreprises?
  • Avoir une idée globale de l'infrastructure de soutien aux entreprises en démarrage. Dans le même ordre d'idées, de l'avis de plusieurs AIE, il serait utile de disposer d'un moyen de mieux connaître l'infrastructure de soutien ou d'avoir une vue d'ensemble des organismes et programmes de soutien au Canada. Comme le mentionne un dirigeant d'AIE, « nous découvrons qu'il existe des programmes qui servent les entreprises avant qu'elles ne s'adressent à nous, et d'autres auxquels elles s'adressent pour obtenir de l'aide après qu'elles ont quitté notre programme. Cette vue d'ensemble nous aidera à comprendre ce que savent déjà les entreprises et ce qu'il leur reste à apprendre. De quelles connaissances essentielles elles ont encore besoin, que pourrait leur transmettre notre programme? Pour l'heure, c'est très difficile de savoir qui fait quoi. »
  • Documenter les tendances des services. Un dirigeant d'AIE a demandé de meilleures informations sur les tendances des services dans l'infrastructure de soutien aux entreprises en démarrage. Cet AIE a constaté un afflux d'entreprises en démarrage en 2013-2014, nombre qui a lentement diminué depuis. Par conséquent, il consacre moins de temps à une foule d'interactions d'approche, mais plus de temps à des entreprises en démarrage de qualité. Les AIE partagent un même intérêt : celui de savoir si d'autres AIE du pays ont observé des tendances similaires ou différentes en matière de services dans les secteurs ou régions où ils exercent leur activité.
  • Gérer l'échelle grâce à l'automatisation. Pour les AIE plus grands, la collecte et la communication de données sont difficiles à faire à grande échelle. « Nous faisons affaire avec un millier d'entreprises chaque année, explique un dirigeant d'AIE. Il est difficile d'effectuer un suivi auprès d'elles pour voir si elles ont répondu au sondage comme on pourrait le faire quand le nombre d'entreprises est moins élevé. » D'aucuns proposent des solutions, par exemple trouver des façons d'automatiser autant que possible le processus de collecte de données.
  • Comprendre le départ et la cessation d'activités d'entreprises. Enfin, les AIE veulent mieux comprendre les causes et les circonstances de la cessation d'activités d'entreprises. Bien qu'ils soient désireux, à juste titre, de surveiller les réussites, ils accordent très peu d'attention aux entreprises qui les quittent ou qui ne survivent pas. « Ce n'est pas souvent que nous effectuons un suivi auprès des entreprises qui cessent leurs activités, explique un dirigeant d'AIE. C'est difficile de savoir ce qui s'est passé et pourquoi, mais il serait peut-être utile de mieux comprendre les difficultés ou les problèmes qui empêchent une entreprise de réussir. »

Principales améliorations à la version 2.0 du CMR

Plusieurs améliorations à la phase II du projet pilote sont en cours ou ont déjà été mises en œuvre en réponse aux commentaires formulés par les participants. Ces mesures donnent suite aux principales préoccupations qu'ils ont formulées :

  • Documents d'orientation et soutien à la mise en œuvre. ISDE a élaboré une trousse de documents d'orientation et de communication pour informer les AIE sur le CMR, répondant ainsi au besoin d'assurer une communication et un soutien directs qui exigent du temps. Une version préliminaire de ces documents a été présentée aux participants au mini-sommet. Par ailleurs, l'équipe d'ISDE est toujours disponible pour offrir un soutien concernant le CMR proprement dit et Hockeystick est là pour assurer un soutien technique en rapport avec la plateforme de collecte des données.
  • Donner suite aux préoccupations concernant la sécurité et la confidentialité des données. Les documents de communication susmentionnés renferment une explication claire de l'approche adoptée par Statistique Canada à l'égard de la protection et de la gestion des données qui devrait aider à apaiser les préoccupations concernant la sécurité et la confidentialité de l'information. On trouvera une description similaire à la section 2.3 du présent rapport. En outre, Statistique Canada a préparé une présentation sommaire de son approche, que l'on peut obtenir sur demande auprès d'ISDE.
  • Obtenir le consentement à partager les données. ISDE continue de collaborer avec le milieu relativement à la formulation du consentement et a élaboré un libellé que les organisations peuvent utiliser. Plusieurs organisations ont également mis en œuvre leur propre système pour faciliter le processus d'obtention du consentement. Les AIE sont invités à communiquer entre eux relativement aux pratiques exemplaires. ISDE peut faciliter ces échanges au besoin.
  • Réduire le fardeau de la collecte et de la communication des données. Plusieurs mesures ont été prises pour simplifier le processus de collecte de données et le rendre aussi efficace que possible. Tout d'abord, dans la version 2.0 du CMR, on a réduit la longueur du questionnaire en éliminant les questions où le taux de réponse était faible. ISDE a clarifié plusieurs questions où il avait relevé des problèmes d'interprétation. Ensuite, les AIE qui sont passés à travers le processus de la phase I ont réglé certains problèmes de mise en œuvre, créé une mémoire institutionnelle et mieux harmonisé leurs processus internes de collecte de données et de GRC avec le CMR. Ces mesures devraient grandement faciliter la deuxième année du projet pilote. Enfin, la participation d'autres partenaires gouvernementaux au CMR simplifiera à terme les exigences de production de rapports et réduira encore davantage le fardeau de la collecte de données imposé aux AIE et celui du soutien à la mise en œuvre incombant à ISDE.