Utilisation de météo pour prédire l'abondance des moustiques

Short-term Forecasting of Daily Abundance of West Nile Virus Vectors Culex pipiens-restuans (Diptera: Culicidae) and Aedes vexans Based on Weather Conditions in Southern Québec (Canada). Ripoche M, Campagna C, Ludwig A*, Ogden NH*, Leighton PA. J Med Entomol 2019 Apr 16;56(3):859-72 doi: https://doi.org/10.1093/jme/tjz002

 

 

Cet article scientifique décrit l’utilité d’un modèle statistique pour prédire l’abondance des vecteurs de maladie afin de mieux comprendre et réduire les risques pour la santé publique. Les modèles de risques, qui pourraient incorporer d’autres facteurs liés aux vecteurs de maladie, peuvent aider à comprendre les effets des changements climatiques sur l’élargissement des aires de répartition des vecteurs du virus du Nil occidental.

Que savait-on de ce domaine avant vos travaux et quel est le motif de cette recherche ?

Le virus du Nil occidental (VNO) est généralement transmis par des moustiques infectés. Le premier cas humain d’infection par le VNO au Canada a été détecté en 2002. De nouveaux cas d’infection sont déclarés chaque année, allant jusqu’à plus de 2 200 en 2007. Comme il n’existe pas de vaccin contre le VNO ni de médicament pour traiter l’infection, le meilleur moyen de prévenir l’infection par le VNO est d’éviter les piqûres de moustiques. Malgré les mesures de surveillance et de lutte qui ont été adoptées, des éclosions d’infection par le VNO continuent de se produire occasionnellement au Canada. Ces éclosions sont difficiles à prédire. Le risque d’infection par le VNO chez l’humain est fortement associé à l’abondance des moustiques infectés dans l’environnement. La prédiction de l’évolution saisonnière de l’abondance des moustiques pourrait fournir au secteur de la santé publique des renseignements pertinents en temps opportun qui donneraient une idée du risque d’exposition humaine. Dans une étude menée antérieurement en Ontario, des chercheurs ont mis au point un modèle statistique permettant de prédire l’abondance quotidienne du moustique Culex pipiens-restuans dans la région de Toronto, qui est semblable au sud du Québec sur les plans épidémiologique et écologique. Dans le cadre de nos travaux, nous avons incorporé dans ce modèle un autre vecteur du VNO (Aedes vexans) ainsi que d’autres facteurs afin de prédire l’abondance des moustiques dans le sud du Québec à partir des conditions météorologiques à court terme.

Quels sont les résultats les plus importants de vos travaux ?

Pour déterminer l’abondance des moustiques dans la région à l’étude, nous avons utilisé des pièges à insectes dans une variété d’habitats (c. à d. zones urbaines et forestières) sur une longue période. Une forte association a été constatée entre, d’une part, la température et les précipitations et, d’autre part, l’abondance des moustiques. Cependant, le délai avant que chacun de ces facteurs exerce son effet sur les nombres d’insectes n’était pas le même. Une distinction semblable a été constatée en fonction de l’espèce de moustique. Une fois réglé adéquatement, le modèle a été en mesure de prédire l’abondance du moustique Culex pipiens-restuans, principal vecteur du VNO dans le sud du Québec, en 2013 et en 2014. L’exactitude du modèle était moins grande à l’égard du deuxième vecteur, Aedes vexans. La prise en compte d’autres facteurs (p. ex. mesures de lutte contre les insectes, présence d’hôtes, type d’habitat) a grandement amélioré l’exactitude du modèle.

Quelles sont les répercussions de la recherche ?

La lutte contre les maladies à transmission vectorielle, qui comporte plusieurs volets, peut être améliorée par des travaux novateurs comme la mise au point de modèles statistiques fiables. La capacité de prédire l’abondance des moustiques vecteurs du VNO en été à l’aide des conditions météorologiques à court terme facilitera la prévision des périodes de risque de transmission du VNO à l’humain. La prédiction de l’évolution de l’abondance des moustiques fournira des renseignements pertinents en temps opportun qui seront utiles dans les interventions de santé publique. Des mesures proactives pourraient être prises pour atténuer l’exposition possible et alerter la population canadienne au sujet du risque d’infection par le VNO avant les éclosions saisonnières.

Autres références importantes :

  • Wang J, Ogden NH*, Zhu H. The impact of weather conditions on Culex pipiens and Culex restuans (Diptera: Culicidae) abundance: a case study in Peel Region. J Med Entomol 2011 Mar; 48(2):468-75. doi: https://doi.org/10.1603/me10117
  • Ogden NH*, Lindsay LR*, Ludwig A*, Morse AP, Zheng H, Zhu H. Weather-based forecasting of mosquito-borne disease outbreaks in Canada. Can Commun Dis Rep 2019 May 2;45(5):127–32. doi: https://doi.org/10.14745/ccdr.v45i05a03