Le Canada au 21e siècle : Document No 9 : Réactions individuelles à l'évolution du marché du travail au Canada

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par Paul Beaudry et David A. Green, Université de la Colombie-Britannique, dans le cadre d'un contrat avec Industrie Canada, 1998


Introduction

Le changement est l'élément que l'on retrouve le plus souvent dans les travaux derecherche actuels sur le marché du travail.
— Stephan F. Kaliski, 1985

Plus de dix ans après qu'elle ait été faite, la réflexion de Kaliski au sujetde l'état de changement perçu sur le marché du travail au Canada demeurepertinente. À l'heure actuelle, la société canadienne est préoccupée par leseffets d'événements tels que l'émergence de l'âge de l'information, les contraintesimposées par l'endettement élevé du secteur public et l'impact des tauxde chômage obstinément élevés. Ces effets seront déterminés par les réactionsdes particuliers, des entreprises et des gouvernements, tous captifs du contextedéfini par les institutions au Canada et la place que celui-ci occupe dans l'économiemondiale. Cette étude, qui met l'accent sur les réactions individuelles, visedeux objectifs : d'abord, nous voulons documenter l'évolution récente de certainsparamètres individuels du marché du travail, par exemple les gains, l'emploi,la fréquentation scolaire et la formation des familles. Puis, nous tentons deprédire comment ces paramètres individuels continueront d'évoluer au cours dela prochaine décennie. En cherchant à atteindre ces objectifs, nous concentreronsnotre attention sur les jeunes parce que nous nous intéressons à la façondont la turbulence actuelle et future du marché du travail touchera de façonpermanente les nouveaux entrants.

Pour décrire l'évolution récente, nous devons d'abord nous faire une idéedes grandes tendances du marché du travail. Cependant, les tendancesobservées au cours des deux dernières décennies traduisent plusieursphénomènes différents qui se déroulent de façon simultanée. À titre d'exemple,ces tendances sont le reflet des effets globaux du cycle économique, des différencesobservées dans la situation relative des cohortes nouvelles par rapportaux cohortes plus anciennes d'entrants sur le marché du travail, ainsi que leprofil de vieillissement des cohortes plus âgées. Afin de comprendre commentles particuliers peuvent réagir à la turbulence actuelle, il importe de préciser siles piètres résultats obtenus par les jeunes travailleurs au cours des années 90sont principalement attribuables à des effets cycliques qui disparaîtrontéventuellement lorsque les conditions du marché du travail, dans l'ensemble,s'amélioreront, ou encore si elles sont le reflet d'un recul permanent dans la performancerelative des entrants récents sur le marché du travail. Les prédictionsconcernant les jeunes seraient plus pessimistes si les piètres résultats enregistrésdans les années 90 sont le reflet d'un repli permanent pour les nouvelles cohortesplutôt que d'un ralentissement cyclique particulièrement prononcé qui pourraitêtre suivi bientôt d'une reprise. Pour cette raison, une grande partie de l'analyseest consacrée à départager les effets de cohorte des effets du cycle économique.

La projection dans le futur des tendances observées peut prendre deuxformes. La première est un prolongement mécanique des tendances passées. Cette approche est utile pour une brève période mais elle devient de plus enplus incertaine plus nous repoussons l'horizon de la prévision. Mais même unprolongement mécanique des tendances passées dépendra de l'habilité aveclaquelle nous pouvons dissocier les effets cycliques des effets de cohorte au coursdu passé récent. Cela est particulièrement vrai ici du fait que nous nous préoccuponsdavantage du bien-être de la jeune génération actuelle sur l'ensemble ducycle viager que de la nature des ajustements qu'ils peuvent faire à court terme.Nous nous sommes notamment intéressés à prédire le succès relatif à long termedes nouveaux entrants plutôt que de déterminer si les résultats qu'ils obtiendronts'amélioreront à court terme en raison d'un retournement cyclique. Enutilisant la première méthode de prédiction, nous projetons les résultats enregistréspour les nouveaux entrants dans l'avenir immédiat.

Afin de prédire les résultats au delà du très court terme, c'est-à-dire à unhorizon d'entre trois et cinq ans, nous devons avoir une théorie de ce qui acausé les tendances actuelles et de la façon dont cette cause changera vraisemblablement.C'est la seconde forme de projection. Malheureusement, aucunethéorie ne ressort d'elle-même, mais l'information au sujet des tendancespassées nous aide à évaluer les théories concurrentes. Nous avons utilisé à cettefin les données sur les tendances passées pour éventuellement retenir deuxthéories plausibles des causes sous-jacentes. Nous décrivons ensuite deux scénariosde prévisions différents qui s'appuient sur ces théories.

Comme nous l'avons déjà indiqué, notre préoccupation majeure porte surles résultats obtenus par les jeunes. Cependant, nous avons concentré nosefforts sur les prévisions qui ont trait au groupe d'âge des 25 à 34 ans. Nousavons procédé ainsi parce que nous considérons que c'est l'âge auquel il se produitune transition fondamentale vers des profils d'emploi stable, l'accélérationde la carrière et la constitution d'une famille. Si des changements au sein del'économie et la réaction des jeunes à ces changements provoquent des lésionspermanentes, celles-ci ressortiront de façon plus manifeste au cours de la périodequi suit immédiatement la jeunesse. Le degré naturellement élevé de flexibilitédes jeunes gens rendra ces lésions difficiles à détecter directement. Par contre,si les changements actuellement observés sur le marché du travail nécessitentdes ajustements supplémentaires de la part des jeunes (par exemple sous laforme d'une scolarité prolongée), mais que ces ajustements débouchent toujourssur des profils d'emploi stable à un âge plus avancé, l'effet de ces changementspour les jeunes ne suscitera pas une préoccupation aussi sérieuse. Nouspouvons évaluer cette possibilité directement en examinant les expériences dedifférentes cohortes à mesure qu'elles progressent en âge entre 25 et 34 ans.

Les autres chapitres de l'étude sont structurés ainsi : dans le prochainchapitre, nous présentons un aperçu détaillé des changements qui se sont produitssur le marché du travail, en mettant l'accent sur la façon dont ces changementssont répartis au sein de la population. Dans le troisième chapitre, qui estl'élément le plus novateur de l'étude, nous présentons une analyse par cohorte des changements observés afin de déceler le profil d'évolution des possibilités qui s'offrent aux jeunes travailleurs. En utilisant les renseignements présentésdans les chapitres deux et trois, nous élaborons, dans le quatrième chapitre,deux scénarios différents sur l'adaptation possible des particuliers aux changementsactuels. Enfin, nous résumons nos principales constatations dans ledernier chapitre.