Sommaires de recherche : Document de travail : Incidences des changements structurels de l'économie canadienne

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Par Ronald Hirshhorn.

Au Canada, tout comme dans de nombreux pays industrialisés, une combinaison de facteurs – notamment la productivité des producteurs de biens qui augmente à un rythme plus prononcé que celle des producteurs de services, la concurrence que livrent les producteurs étrangers à bas prix dans le domaine des vêtements, des textiles et d'autres biens ainsi que la forte croissance de la demande de services intermédiaires et finals – a donné lieu, au fil du temps, à une restructuration majeure de l'économie. L'augmentation de la main-d'œuvre dans le secteur des services au détriment du secteur de la fabrication s'est opérée de manière plus graduelle au Canada qu'au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans bon nombre d'autres pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pendant la période à l'étude, soit entre 1976-1979 et 2001-2005, la production manufacturière canadienne a continué de croître à un rythme soutenu, ce qui donne à penser que l'économie canadienne ne vit pas une désindustrialisation au sens strict du terme. Toutefois, les changements structurels qui se sont opérés et qui continuent de se produire ont une incidence potentiellement importante sur la nature du travail, sur la productivité et sur la croissance du revenu dans l'économie canadienne.

La décomposition de la croissance de la productivité entre 1976-1979 et 2001-2005, révèle que l'essor est davantage le résultat de hausses de la productivité au sein des différentes industries que d'un changement structurel. Toutefois, la croissance plus lente de la productivité des industries dont la part de la main-d'œuvre est en hausse que de la productivité de celles dont la part de la main-d'œuvre s'effrite a grandement freiné la croissance de la productivité dans le secteur commercial. La piètre performance du secteur des services a ralenti la croissance de la productivité « au sein des industries » et a été la principale cause de la contribution négative du changement structurel à la croissance de la productivité entre 1976-1979 et 2001-2005. D'autres études ont déjà traité des améliorations importantes observées dans le secteur des services après 1995, lesquelles sont surtout attribuables à l'intégration des technologies de l'information, et une analyse des données couvrant la période allant de 1995-2000 à 2001-2005 donne lieu à une conclusion très différente. Néanmoins, même si les résultats du secteur des services après 1995 sont encourageants, le fait que le secteur dominant de l'économie canadienne affiche une capacité d'innovation restreinte et une faible croissance de la productivité totale des facteurs demeure préoccupant.

Les emplois du secteur des services qui ont gagné en importance diffèrent des emplois traditionnels du secteur de la fabrication sur certains aspects notables. Les industries de services comptent un plus grand nombre de travailleurs à temps partiel et de travailleurs temporaires, sont plus axées sur les heures supplémentaires non rémunérées et misent davantage sur les régimes de travail non conventionnels. De plus, en moyenne, la proportion de travailleurs titulaires d'un diplôme universitaire est supérieure dans le secteur des services comparativement au secteur de la fabrication, ce qui porte à croire que le travail est de plus en plus axé sur le savoir. D'après un examen de la redistribution de la main-d'œuvre et les résultats d'une analyse antérieure qui faisait appel aux données du recensement pour déterminer l'intensité des connaissances dans différentes industries, le changement structurel va en effet dans le sens d'une transformation progressive de l'économie canadienne en une économie axée sur le savoir.

L'analyse de la croissance de la rémunération du travail entre 1976-1979 et 2001-2005 donne lieu à des constatations généralement semblables à celles découlant de la décomposition de la croissance de la productivité selon la variation des parts relatives. La croissance « au sein des industries » est le principal facteur en cause, et le changement structurel a une fois de plus un effet négatif, quoique moins important. La contribution négative du changement structurel, attribuable à la croissance moins soutenue de la rémunération dans les industries dont la part de la main-d'œuvre est en hausse que dans celles où la part de la main-d'œuvre est en baisse, témoigne en grande partie de l'augmentation relativement faible de la productivité dans le secteur des services durant la période allant de 1976-1979 à 2001-2005. Les travailleurs des industries dont la part de la main-d'œuvre augmente sont relativement bien rémunérés – et une grande proportion d'entre eux jouissent d'une importante prime à l'éducation – mais leur taux de rémunération a augmenté moins rapidement que celui des travailleurs dans les industries dont la part de la main-d'œuvre diminue.

Un certain nombre de questions méritent une analyse plus approfondie. L'innovation dans le secteur des services devrait faire l'objet d'une étude plus poussée. Il faut comprendre quels sont les effets des investissements dans les immobilisations incorporelles sur les entreprises faisant partie de différentes industries de services. Par ailleurs, il faudrait accorder une attention particulière aux éléments qui font obstacle à l'essor des producteurs de services au Canada et à l'étranger, obstacles qui pourraient en partie expliquer les difficultés que ces entreprises ont à innover. Il importe également de s'attaquer activement à régler les problèmes entourant la mesure de la production de services, lesquels pourraient constituer un des facteurs à l'origine de l'écart mesuré entre la croissance de la productivité des industries productrices de biens et la croissance de la productivité des industries de services. En outre, les problèmes de rajustement associés à la redistribution de la main-d'œuvre des industries en déclin vers les industries en croissance nécessiteront probablement une attention accrue dans les prochaines années. Les emplois dans le secteur des services – un secteur en plein essor – sont bien différents des emplois traditionnels dans le secteur de la fabrication, et il sera vraisemblablement plus difficile de pourvoir ces postes lorsque la croissance de la main-d'œuvre se fera beaucoup plus languissante dans les années à venir.